Paiement mobile: les freins de son déploiement en France

Télécoms : 37 milliards de dollars d'achats en 2011, tel est l'enjeu du M-Paiement. Pourtant, la réglementation européenne, en pénalisant involontairement le monde bancaire au détriment des fournisseurs de contenus, risque de retarder la naissance de ce marché juteux.

Par La rédaction de ZDNet.fr

  • 3 min

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  1. Juin 2008
  2. Juin 2008

Lors de la présentation du salon Cartes & IDentification 2008, qui se tiendra du 4 au 6 novembre 2008 au Parc des Expositions, de Paris-Nord Villepinte, une table ronde réunissant les membres de la Smart Payment Association, ainsi que la RATP, a aussi bien mis en évidence les avancées techniques que les hésitations des principaux acteurs dans le domaine du paiement mobile NFC.

C’est un étrange paradoxe. Les industriels, les constructeurs, les financiers, les fournisseurs d’applications et les opérateurs sont unanimes: tout concourt à l’explosion du paiement au moyen des téléphones mobiles (M-Paiement), équipés d’une puce sans-contact NFC (Near Field Communication). Pourtant, dans cette opération, destinée à faciliter la vie des utilisateurs et à augmenter les profits de ces acteurs, il règne une certaine confusion sur le rôle respectif des différents acteurs et sur le modèle économico-technique à adopter.

La Smart Payment Association est une association créée en 2000, qui a pour objectif de favoriser la migration des cartes de paiement vers la puce, d’en assurer l’interopérabilité, notamment pour les applications à valeur ajoutée et de promouvoir des technologies liées à la carte à puce.

L’avantage de la simplicité pour l’utilisateur

Le paiement mobile NFC bénéficie en premier lieu de «l’intérêt et de l’adhésion mondiaux des consommateurs, qui maîtrisent très vite la technique du « tap and go » des cartes sans-contact», rappellent ensemble Michel Barjansky, directeur marketing développement de l’offre de la RATP, qui utilise déjà la carte sans-contact dans ses passes Navigo, et Roland Entz, directeur général de Visa Europe. De fait, comme le fait également remarquer, M. Entz, «il existe actuellement dans le monde deux fois plus de téléphones mobiles que de cartes Visa», ce qui doit contribuer à la large diffusion du paiement mobile, partout dans le monde, et notamment dans les pays émergents, où les infrastructures financières font défaut. «Le paiement mobile devrait aider à structurer le marché», insiste-t-il.

PayPal mène actuellement des expérimentations de paiement mobiles. Ce service en ligne compte quelque 150 millions de comptes dans 190 pays, dont 40 millions en Europe (5 millions en France), pour répondre aux demandes de nouveaux services de ses clients. «Le paiement n’est pas encore une commodité: au-delà des avantages évidents de sécurité et de facilité, nos clients réclament, par exemple, des services de virements européens intracommunautaires. Nous expérimentons également le paiement d’achats en ligne via mobile aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, et par SMS (text to pay) au Royaume-Uni. Nous nous intéressons aussi à la technologie sans-contact, mais son instauration se fera selon les usages que privilégieront nos clients», commente Cédric Ménager, directeur commercial de PayPal France.

«Le paiement n’est ni un service, ni une commodité, mais il devient indispensable sur un téléphone mobile, dès lors que le paiement en argent liquide tend à disparaître au profit des cartes bancaires, et tout ce qui peut faciliter les paiements», reprend André-Jacques Selezneff, Business Leader Product Sales Specialist Avanced Payments chez MasterCard Europe.

Quels matériels pour quels services ?

Les projets de M-Paiement ne manquent pas. En France, notamment, le projet Payer Mobile regroupe une demi-douzaine de banques, les trois opérateurs nationaux plus NRJ Mobile. «Ce service décollera véritablement quand l’infrastructure requise pour le faire fonctionner sera clairement déterminée», indique Jean-Marc Meslin, directeur innovation et développement d’Oberthur Technologies. En clair, pour l’instant le manque de téléphones mobiles équipés de puces NFC fait cruellement défaut. Pour l’heure, par exemple chez Nokia, il n’existe que deux modèles équipés de la sorte, dont un apparu très récemment.

Au surplus, le cabinet d’analyses ABI Research estime à 300 millions le nombre de téléphones mobiles équipés d’une puce NFC livrés en 2012. Certes, cela devrait correspondre à 20% ou 30% du marché des téléphones à cet horizon, encore faudra-t-il que les téléphones qui seront présentés correspondent aux goûts des utilisateurs, et que les commerçants investissent dans l’achat de lecteurs idoines pour une frange de leur clientèle.

Une première réponse, quant au goût du public, devrait émerger avec les premières gammes complètes de téléphones NFC, prévues pour le début de l’année 2009.

Les commerçants et les transporteurs, pour leur part, attendent beaucoup plus des industriels. «Nous voulons un seul standard. Les cartes EMC, c’est bien, mais il faut encore standardiser les processus et surtout faire baisser les coûts des équipements. Un lecteur sans-contact doit pouvoir lire de manière universelle ce qui lui est présenté: un téléphone, une clé USB, une montre ou quoi que ce soit d’autre. Nous visons la disparition pure et simple de l’argent liquide et des chèques», explique M. Barjansky (RATP). Et c’est là que se pose l’un des problèmes centraux du paiement mobile. «Nos clients ont parfaitement compris qu’ils ne payaient pas, mais s’identifiaient. Ce qu’ils ne comprennent pas en revanche, c’est l’absurdité d’un système bancaire qui leur permet de payer, avec la même carte, des sommes en deçà de 30 €, mais pas au-delà », poursuit-il.

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