Paiement mobile : beaucoup reste à faire pour que cette technologie investisse notre quotidien

Avis d'expert : Selon une étude de l'institut CSA, toutes les conditions ne sont pas encore réunies pour un décollage rapide.

Par Olivier Chicheportiche

  • 3 min

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Lancements de services dans plusieurs villes, implication des banques et des géants des cartes, sortie de smartphones compatibles : pour beaucoup, 2012 devrait être l’année du NFC et du paiement sans contact en France. Enfin, diront certains, d’autres comme l’institut CSA sont encore réservés.

Dans une étude, le spécialiste estime qu’il reste beaucoup à faire pour un décollage rapide, trois conditions sine qua non doivent être réunies. « D’abord, disposer de terminaux mobiles compatibles, s’assurer de l’équipement des commerces, et enfin, gagner la confiance du grand public, les futurs utilisateurs ! », souligne l’institut.

« Sur la compatibilité des terminaux, les indicateurs sont au vert : le parc de téléphones compatibles n’est plus négligeable, et progresse rapidement, même la marque à la pomme travaillerait dessus pour l’iPhone 5 ». C’est en effet un point essentiel et il semble que les fabricants aient enfin décidé de jouer le jeu.

Grosse concurrence de la carte bancaire

Par contre, de l’autre côté de la chaîne de valeurs, il reste du travail. « L’équipement des commerçants tarde à se concrétiser », note CSA. « Et du modèle économique retenu dépendra en grande partie l’envol de la technologie, les différents acteurs ayant à coeur d’éviter l’écueil Moneo, qui n’a jamais réussi à décoller faute d’un équipement massif des commerçants ».

Au milieu, il y a le consommateur. Y-a-t-il une vraie appétence pour ces services et surtout comment sont-ils perçus ? CSA a donc interrogé des utilisateurs de smartphones.

« Premier constat, peu connu il y a quelques années, le concept commence à faire parler de lui. 69% des possesseurs de smartphone français déclarent avoir déjà entendu parler de paiement sans contact et de la technologie NFC. Ce chiffre cache toutefois des niveaux d’information différents : s’ils sont 23% à en avoir entendu parler plusieurs fois, ils sont en revanche 46% à n’en avoir que « vaguement » entendu parler », souligne le spécialiste.

Par ailleurs, seulement 47% d’entre eux aimeraient se voir offrir la possibilité de payer avec leur terminal. 19% ne le souhaitent « vraiment pas ». « Les freins sont encore nombreux, les utilisateurs ayant des exigences extrêmement fortes, tant pour la sécurité des paiements effectués que pour la protection des données personnelles », explique le sondeur. La perception d’un risque accru de se faire dérober son téléphone, mais aussi la plus grande facilité à le pirater sont des craintes récurrentes.

Surtout, même chez les partisans du paiement mobile, les bénéfices spontanément avancés en faveur du paiement sans contact (comme la simplicité, la rapidité, la portabilité) ne constituent pas des avantages concurrentiels forts par rapport à l’existant : la Carte Bancaire.

« Dans tous les cas de figures c’est plutôt l’attentisme qui risque de prévaloir dans les prochains mois, 53% des répondants attendront d’abord que la technologie s’installe et que d’autres personnes leur fassent un retour d’expérience positif », explique CSA. Pas vraiment rassurant. Pire, 22% disent qu’ils n’utiliseraient pas le service si leur banque le proposait.

Néanmoins, l’envie d’essayer le paiement sans contact est plus élevé chez les mobinautes équipés de smartphones, nuance le sondeur. « 54% d’entre eux souhaiteraient pouvoir payer dans les magasins avec leur téléphone portable (contre 44% pour le reste de l’échantillon). De même, 32% utiliseraient certainement ce mode de paiement contre 23% pour le reste de l’échantillon », peut-on lire dans l’étude.

Conclusion : « au-delà des équipements, il va aussi falloir éduquer et surtout convaincre les consommateurs quant à la fiabilité du système. Un sujet sensible, un frein essentiel à lever… Et les polémiques récentes sur les failles de sécurité touchant la solution de Google ne sont pas de nature à rassurer une majorité de clients circonspects ».

Autrement dit, beaucoup reste à faire pour que cette technologie investisse notre quotidien. Un constat partagé par Thomas Husson de Forrester dans nos colonnes.

« La vraie révolution des paiements mobiles ne vient pas de l’utilisation d’une technologie donnée mais de la capacité des acteurs à réinventer de nouveaux produits et services en ajoutant des bénéfices clients, avant et après la transaction. La capacité à offrir des services plus contextualisés et plus personnalisés (accès à l’information produit en magasin, coupons mobiles…) aux consommateurs pour les inciter à découvrir de nouvelles offres ainsi que la possibilité d’intégrer des offres de fidélisation sur un portefeuille numérique peuvent changer la donne ».

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AUTOUR DE ZDNET
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