iPhone: Apple en passe de révolutionner le marché du mobile?

Télécoms : La firme de Cupertino a finalement annoncé hier, lors du salon MacWorld, la sortie de son téléphone mobile. Longtemps attendu, et apportant de réelles innovations, il constitue l'une des pièces maitresses du développement d'Apple dans les prochaines années.

Par Benoit Darcy

  • 4 min

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C’est un fait avéré. Apple ne se contente plus de fabriquer seulement des ordinateurs. Un changement qui se voit entériné officiellement par la nouvelle déclaration légale de la société d’une part (Apple Computer Inc. devient Apple Inc.) et, d’autre part, incarné par l’iPhone, le téléphone mobile selon Apple.

Contre tout attente, le produit s’appelle bel et bien iPhone, alors que Linksys a sorti un produit du même nom dédié à la voix sur IP il y a quelques semaines. Il s’agit d’un mobile innovant aux fonctionnalités évoluées. L’iPhone revêt en effet les attraits d’un téléphone, d’un baladeur audio/vidéo et d’un PDA (cf. l’avant première dans notre section Produits).

Des spécifications alléchantes

En matière de fonctionnalités, l’innovation est au rendez vous. L’iPhone sera disponible en version 4 et 8 Go, et intégrera un écran de 3,5 pouces tactile de 160 pixels par pouce. Il sera donc capable d’afficher une résolution de 320 x 480 pixels. Fonctionnant sous Mac OS X, il propose des fonctionnalités identiques à l’iPod en matière d’audio et de vidéo, mais se voit néanmoins agrémenté d’un appareil photo de 2 millions de pixels.

L’iPhone est compatible avec les normes GSM (1900/1800/900/850 MHz) et EDGE. Il dispose d’une connectivité Wi-Fi (802.11b/g) et Bluetooth. Il n’est toutefois pas compatible – du moins dans cette version – avec les réseaux de téléphonie 3G.

Sur le plan logiciel, l’iPhone embarque le navigateur Safari et une suite d’outils permettant des usages liés à l’internet mobile, comme la consultation d’une boite mail (Apple a signé un accord avec Yahoo pour disposer d’une fonction de push-mail gratuite) ou encore l’utilisation de widgets. (petites fenêtres apportant des informations telles que la météo ou le cours de la bourse) Une version dédiée de Google Maps permet en outre une géolocalisation à partir des cellules GSM, bien que l’appareil soit dépourvu d’un récepteur GPS, à l’inverse du Nokia N95 qui sortira en même temps sur le marché américain.

Pour le brancher à un ordinateur, l’utilisateur devra disposer d’un Macintosh avec port USB 2.0, Mac OS X version 10.4.8 ou ultérieure et enfin iTunes 7. L’iPhone peut également fonctionner avec un PC comportant un port USB 2.0, Windows 2000, XP Edition Familiale ou Professionnel (SP2). Vista n’est pas encore pris en compte. Un accès internet est indispensable et une connexion haut débit recommandée, précise par ailleurs Apple.

Apple avant tout

Comme à l’accoutumée, Cupertino a doté son produits de trouvailles innovantes. C’est le cas de l’écran qui non seulement est tactile mais qui réagit également à la pression.

C’est aussi le cas de la fonction Visual Voicemail permettant aux utilisateurs de consulter une liste de leurs messages vocaux et de décider lesquels ils souhaitent écouter, en s’affranchissant de l’aspect séquentiel qui a cours aujourd’hui sur tous les mobiles du marché.

Autre nouveauté déjà rencontrée sur certains appareils photo numériques: un capteur détecte si l’appareil est utilisé en mode portrait ou en mode paysage et ajuste l’affichage en conséquence. Enfin, lorsque l’on porte l’iPhone à l’oreille, la musique et l’écran se mettent en veille.

Une révolution ?

Si la communauté des utilisateurs de produits Apple est en ébullition depuis l’annonce de cet iPhone, il est important de replacer le produit dans son contexte. Avant tout, il s’agit pour Apple d’envisager le futur de l’iPod, plutôt que d’entrer de plain-pied dans le marché de la téléphonie mobile dominé par des acteurs qui bénéficient de plus de dix ans d’expérience dans le domaine, à l’instar de Nokia ou de Motorola…

Tout l’enjeu est donc d’adresser en premier lieu une clientèle d’utilisateurs captifs, possesseurs en premier lieu de Macintosh. Pour autant, les ambitions de Steve Jobs sont claires: arriver a s’emparer de 1% du marché de la téléphonie mobile en 2008, ce qui représente environ 10 millions de terminaux. Pour cela, Apple devra miser sur une relation à long terme avec les opérateurs qui plus que jamais détiennent les clés du marché.

Aux Etats-Unis, la marque à la pomme s’est rapproché de Cingular, et proposera ainsi son produit pour 599 $ (version 8 Go) ou 499 $ (version 4 Go) dans le cadre d’un abonnement de deux ans, ce qui s’avère extrêmement cher pour un mobile subventionné par l’opérateur. En Europe, le produit ne sortira qu’en décembre 2007 et aucun prix n’a pour l’instant été avancé. Enfin, l’iPhone ne fera pas son apparition sur le marché asiatique avant 2008.

Si l’iPod avait bénéficié d’un effet disruptif sur le marché qu’il adressait, l’iPhone risque de se heurter à des barrières plus conséquentes, et arrive sur un terrain maitrisé par des opérateurs de services, ce qui n’existait pas dans le monde du MP3 en 2001. Apple devra compter sur ses filiales et des accords spécifiques à chaque pays afin d’imposer son téléphone.

Pour autant, l’annonce du téléphone Apple est prise très au sérieux par le marché. A la fin de la keynote, l’action de la firme californienne avait progressé de près de 8%. Celles de RIM (-7,7%) et Palm affichaient un net recul, tout comme celle de HTC (-4%).. De son côté, Nokia a officiellement commenté l’annonce par la voix de Pekka Pohjakillio, Vice Président de la division consacrée à la gamme N-Series: « L’approche d’Apple confirme notre stratégie. Notre vision est tournée vers la convergence du multimédia au sein d’un seul et même appareil (…). Apple va dans une direction identique, même si les fonctionnalités sont implémentées différemment (…) ».

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